Dans cet article, j’ai voulu répondre à des questions qui reviennent assez souvent quand on discute entre jeunes parents : pourquoi « s’embêter » à travailler sa parentalité ? Et qu’entend-on par Violences Educatives Ordinaires ?

Sans vouloir caricaturer, j’ai la sensation que les parents d’aujourd’hui se mettent, ou sont mis, dans deux camps :

  • Ceux qui décident de travailler leur parentalité, en allant vers des outils que propose l’éducation appelée positive, bienveillante, éclairée, etc.
  • Ceux qui décident d’éduquer leurs enfants de manière « traditionnelle », en usant notamment de réprimandes, punitions ou mises au coin « quand cela est nécessaire ».

Le premier groupe de parent est généralement catalogué (parfois par les seconds) de « ceux qui veulent être tout le temps gentils mais qui « se fait avoir ». Et le second groupe est lui catalogué (parfois par les premiers) de « ceux qui sont méchants sans le savoir ».

Les parents du premier groupe ressentent parfois du doute quand ils voient leurs enfants moins « sages » que ceux du second groupe, se sentent perdus entre les difficultés et tous les conseils sur le sommeil, les repas, etc. Les parents du second groupe ressentent parfois de la culpabilité quand ils voient leurs enfants craintifs, de la déception sur la relation qu’ils ont créée avec leur enfant.

Alors comment réconcilier ces deux groupes ? Y a-t-il un groupe de gentils et un groupe de méchants, un groupe qui a raison et l’autre non ?

Travailler sa parentalité : pourquoi et comment ?

Je me propose ici de balayer ces « on-dit » et de revenir sur ce que l’on sait aujourd’hui, et sur les raisons qui font que : oui il est indispensable, pour l’immense majorité des français, de se questionner sur sa parentalité et l’éducation que l’on donne aux enfants.

Mais pas pour faire partie des gentils ou pointer du doigt les autres, et encore moins pour creuser un fossé qui séparerait les parents en deux groupes. Mais au contraire, parce qu’au fond, nous voulons tous être de bons parents, avons les mêmes souhaits pour nos enfants et les mêmes galères au quotidien. Et surtout, vous allez le voir dans cet article, parce que toute la société -parents et enfants inclus- y gagne à 100%.

Je vous expliquerai aussi pourquoi ce n’est pas toujours facile, pourquoi il est nécessaire de s’accompagner aussi soi-même en tant que parent, et pourquoi il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.

Un petit nota avant de commencer : on parle souvent de parentalité, mais le sujet dépasse les seuls parents, puisqu’ils ne sont pas seuls à élever les enfants : grands-parents, oncles et tantes, professionnels de la petite enfance. Nous avons tous un rôle à jouer !

Parentalité : le plus simple c’est de faire comme avant

Les automatismes de nos parents vont ressortir avec nos enfants

La première chose dont il faut avoir conscience quand on devient parent, c’est que d’une manière ou d’une autre, notre enfance va ressortir. En effet, toute notre vie et en particulier pendant l’enfance, nous emmagasinons des schémas de pensées qui ont pour but d’aider notre cerveau à interpréter, analyser les choses plus rapidement et d’intégrer nos expériences passées.

Lors de notre enfance, une multitude de croyances à propos des enfants se sont ainsi ancrées en nous. Elles vont ressortir quand nous allons vivre avec un enfant. Elles vont même ressortir encore plus et de manière très automatique et inconsciente dès que nous serons fatigués, énervés, en colère.

Nous avons « appris » à nous méfier des enfants

Si comme moi vous avez grandi en France, il est très probable que vous ayez entendu, à la maison, à l’école et dans la rue, des choses comme :

« si on le laisse faire il va devenir insupportable », « qu’est-ce qu’il est mal élevé », « il le fait exprès », « il ne fait que des bêtises », « c’est un enfant gâté », « il est odieux », « si tu le laisses faire il va t’avoir », « il n’est pas bête, il sait bien ce qu’il fait », « je compte jusqu’à 3 », « c’est quand même pas lui le chef », « il faut le punir », « il l’a bien mérité », « il l’a bien cherché », « ça va lui apprendre la vie », « c’est pour son bien »

Ça vous rappelle des choses… ? 😉

Lorsqu’un enfant vient au monde, on a l’impression que ce sera différent, que tout comme l’enfant, nous sommes un parent « fraîchement » né. En réalité il n’en est rien, car nous avons des croyances ancrées en nous à propos des enfants, même quand c’est notre premier.

Il faut en avoir conscience : le plus simple, le plus automatique, et pour tous les parents, sera de se laisser guider par ces schémas de pensées. Et tout comme nous avons appris à nous méfier de certains animaux pour ne pas faire croquer les doigts au zoo, la majorité d’entre nous a appris, bien avant qu’ils naissent, à se méfier des enfants.

Le problème c’est que ça marche !

La redoutable efficacité des traditionnelles punitions

Sur fond de cette méfiance, la société a mis en place, depuis de nombreuses années, des méthodes dites « éducatives » afin de faire appliquer, le plus vite possible, les règles à nos enfants. En effet, les parents n’ont souvent qu’une peur c’est que leur enfant glisse vers l’enfant « « tyran » ou « mal élevé », en bref, que leur méfiance devienne réalité. Pour contrecarrer leur peur ou parce qu’ils ne savent plus comment faire autrement, ils vont alors vers :

  • Les punitions physiques : mettre une fessée, une baffe, tirer l’oreille, pincer le bras, taper la main, etc.
  • Les punitions psychologiques : mise au coin, isolement de l’enfant seul dans une pièce, privation (de télé, de dessert ou de câlin), etc.

A ces punitions s’ajoutent parfois des insultes (« tu es insupportable »), des menaces (« ça va mal finir »), des humiliations/moqueries (« oh le bébé il ne sait pas faire ça ! »), des agressions verbales (« j’en peux plus de toi ! »), des retraits d’amour (« je ne fais pas de câlin à un enfant qui se comporte comme ça »), des intimidations, des forçages (à manger, à dormir), etc.

violences éducatives ordinaires parentalité
Illustration de Fanny Vella

Avez-vous remarqué comme moi comme ces méthodes sont efficaces ? La logique semble, elle aussi, implacable : si vous ne respectez pas la règle alors vous serez puni. En effet, au bout d’un moment, l’enfant aura peur à son tour et finira par stopper ce comportement qui dérange l’adulte. On en déduit qu’ils apprennent ainsi les règles de la société.

A tel point que ces méthodes« efficaces et logiques » ont traversé les années dans nos sociétés.

Oui mais…

On connaît aujourd’hui l’impact néfaste de ces cris et punitions

Tout d’abord, il est important de souligner que l’efficacité de ces méthodes est une pure illusion. Certes, sur le coup, l’enfant va finir par se soumettre à ce que lui demande l’adulte. Il y aura peut-être quelques jeunes années de rébellion, mais le plus généralement, on arrivera à « le faire obéir ». Le parent passe alors à autre chose et oublie même ces évènements supposés anodins.

Cependant, ces agissements entrainent chez l’enfant beaucoup de stress (qu’il n’exprime pas comme les adultes ce qui fait que personne ne s’en rend compte) et on sait aujourd’hui à quel point le stress est néfaste au développement des enfants.

De plus, l’enfant va intégrer ces attitudes à son égard comme des bases de son individualité et même s’il s’assagit sur le moment, en grandissant, les problèmes vont revenir ! Au mieux on vivra une difficile « crise de l’adolescence », au pire on verra notre enfant s’enfoncer dans des dépressions et addictions (au travail, à l’alcool, etc.), et entre les deux : toutes les nuances de gris…

« Les choses dont on ne se rappelle pas, on ne les oublie jamais »

Les nombreuses études réalisées sur le développement du cerveau des enfants remettent ainsi complètement en question la légitimité de ces méthodes. On constate qu’elles nuisent drastiquement au bon développement des enfants.

Le docteur Catherine Gueguen, référence dans le monde de l’éducation et de l’enfance, a longuement étudié ces phénomènes. Elle cite les études qui montrent que « une attitude autoritaire, dure, rigide freine le développement des structures et réseaux cérébraux », ceux-là même qui permettront à l’enfant de devenir « raisonnable » ! Elle continue : « Les mots durs, sévères (…) ont des effets désastreux (…) les adolescents deviennent de plus en plus indisciplinés à l’école, mentent (…) ils sont sujets à des dépressions » (source : Heureux d’apprendre à l’école).

Ces méthodes sont des VEO : Violences Éducatives Ordinaires

A tel point que ces « méthodes » dites éducatives ont été renommées « violences éducatives ». Et que, comme elles perdurent depuis tant d’années et qu’elles sont généralement appliquées par les adultes de manière automatique et tout à fait ordinaire, on les appelle aujourd’hui les VEO : Violences Éducatives Ordinaires.

L’observatoire des violences éducatives ordinaires (www.oveo.org) qui vise à sensibiliser le public, les professionnels et les politiques, précise leurs impacts :

« Tous ces traitements infligés sous prétexte d’éducation par les personnes responsables de l’enfant et censées le protéger compromettent son estime de soi, la confiance qu’il a en lui-même et dans les autres, le développement de sa personnalité, de son intelligence, de sa capacité de décision et de choix. Ils sont donc une cause majeure de difficultés dans les relations personnelles et dans la vie courante. L’angoisse qu’ils provoquent est à l’origine de (…) nombreuses maladies organiques, de dépression et d’addictions.».

violences éducatives
www.oveo.org

Les études sont tellement concordantes à ce sujet et les effets des VEO tellement néfastes, qu’en plus de leur donner un nom, on leur a donné une loi. Depuis le 10 juillet 2019, une loi française interdit l’usage des VEO sur les enfants. La loi stipule clairement « « L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. ».

Ce n’est donc plus un débat entre éducateurs ou parents. Le sujet ne doit plus diviser mais unir pour réfléchir ensemble à la question : comment faire pour arrêter que des VEO soient appliquées à nos enfants ?

Comment faire sans les Violences Educatives Ordinaires

Prendre conscience de notre tendance à reproduire les violences éducatives ordinaires

La première chose à faire (et la plus importante) est de prendre conscience du problème. Nous pouvons ensuite commencer à observer nos modes de fonctionnement automatiques avec nos enfants pour identifier les moments où l’on dérape vers les VEO. Puis décider et inventer d’autres manières de faire.

Il n’y a pas de méthode secrète non violente pour faire coopérer les êtres humains et a fortiori les enfants. Il sera nécessaire de faire le deuil des techniques qui fonctionnent à tous les coups et de rechercher les approches qui nous conviennent à nous et à notre enfant.

Dans tous les cas, il sera nécessaire de se questionner soi-même sur ce que l’on veut apporter à nos enfants, sur le parent que l’on veut être, sur notre authenticité, notre histoire et la manière dont on veut agir face à telle ou telle situation.

S’accompagner soi-même avec bienveillance, la clé pour rester un parent bienveillant

Une fois la phase de l’observation et du questionnement passée, la conclusion est généralement la même pour la grande majorité des parents. Nous voulons tous le meilleur pour notre enfant et nous souhaitons vivre avec lui de manière harmonieuse, sans user de violences, en étant un « bon » parent.

Cependant, il ne suffira pas de choisir d’être un parent bienveillant pour le devenir et le rester sur la durée. Le changement demande parfois du temps, de l’accompagnement et surtout de la bienveillance envers soi-même. Tout comme il a été montré que les enfants apprennent mieux à l’école si leur professeur est dans le soutien et la bienveillance, nous, parents, ne pouvons pas changer durablement si on le fait sous le coup de l’injonction de la société ou de l’entourage. Ni en se forçant, en s’empêchant d’être en colère, d’être nous même, ou en s’épuisant pour devenir un parent « parfait ».

bienveillance parents
Y’a pas que les enfants qui ont besoin de bienveillance !

Il sera nécessaire de s’accompagner soi-même avec bienveillance, en acceptant de faire des erreurs, d’avoir des moments de faille et tout simplement d’être humain, avec toute la palette d’émotions que cela comporte.

J’ai personnellement puisé dans le monde du développement personnel et notamment de la Communication Non Violente pour m’accompagner dans cette aventure. Ce blog est fait pour décortiquer ce que j’ai testé et ce qui m’a aidé, en espérant que ça puisse vous être utile aussi !

Les temps de ressourcements seront par ailleurs indispensables pour garder l’énergie nécessaire, le gout d’être avec nos enfants, et ne pas tomber dans nos vieilles ornières qui reviennent à notre esprit dès que nous sommes fatigués.

Un exemple de difficulté de parent au quotidien 

Prenons un exemple de processus qui peut aider dans une situation courante : un petit enfant mange et fait tomber minutieusement ses grains de riz par terre, les uns après les autres, malgré les 3 fois où on lui a demandé de ne pas le faire.

Voici un exemple (très détaillé) de cheminement que l’on peut se faire :

Étape 1 : Je m’observe. Je ressens peut-être une tension qui monte chez moi et les pensées associées qui tournent dans ma tête du type « il est en âge de comprendre qu’il ne faut pas faire ça », « il le fait exprès », « je vais devoir tout nettoyer et il s’en fiche », « si je ne dis rien maintenant il va faire ça à chaque fois », « j’en ai marre ». Lorsque ces phrases tournent en boucle dans notre tête, on ressent généralement du stress et de l’énervement et peuvent nous donner envie de faire quelque chose comme crier sur notre enfant, voire le taper.

Étape 2 : Je reviens à mon intention de base. Je peux alors essayer de laisser un espace à mon intention de base. Le fait de revenir à notre pourquoi initial, notre motivation première, peut aider à dépasser le conflit : pourquoi est-ce que je ne veux pas crier sur mon enfant ? Par exemple parce que je sais par expérience que ça ne me fait pas du bien, ni à moi, ni à lui, ni à notre relation.

parents calmes
Extrait de la BD « Petits instants Parents-Enfants »

Étape 3 : Je me questionne. Il s’agit là de dépasser la méfiance ou l’énervement pour laisser place à de la curiosité. Une curiosité sur ce qui se passe en nous-même tout d’abord : est-ce que je suis en mesure de gérer mon enfant là tout de suite ou ai-je vraiment besoin d’aller évacuer ma colère, de m’occuper de moi et de passer le relais ? Pourquoi est-ce si difficile pour moi de voir que ces grains de riz tombent par terre ? Quels jugements j’en tire sur mon enfant ? Est-ce que ces jugements m’aident à mieux gérer cette situation ? Les réponses à ce type de questions permettront de savoir ce qui est important pour soi. Puis de me questionner sur mon enfant : pourquoi fait-il cela ? Est-ce qu’il a vraiment faim ? Est-ce qu’il a besoin de jouer en mangeant ? Si oui, comment allier les deux pour que ça me convienne à moi aussi ? Très souvent et une fois l’énervement passé, nous avons au fond de nous la réponse à ces questions, car nous connaissons notre enfant.

Étape 4 : J’invente. A nous d’inventer et de tester une solution qui pourrait fonctionner par rapport à ce que nous avons identifié. Par exemple, je peux peut-être lui proposer un jeu équivalent mais moins salissant. Ou alors je peux trouver une personne de mon entourage qui va m’aider dans ces moments, voire prendre le relais pour certains repas. Je peux aussi faire appel à un professionnel qui va m’orienter sur les questions que je peux avoir à propos du repas des enfants. Je peux tester différents choix avec l’enfant : manger seul sans en mettre par terre ou le faire manger. Il n’y a pas une « bonne » solution, la seule solution sera celle qui vous correspond et qui correspond à votre enfant. Il faudra surement en tester plusieurs avant de trouver, mais vous trouverez !

Parfois on se surprendra à inventer rapidement la manière de faire qui nous convienne et qui est en lien avec notre décision de ne pas user des VEO. Parfois on n’aura plus aucune idée, on aura le sentiment que rien ne marche ou que l’on n’y arrive vraiment pas. Ce sera peut-être le moment de se ressourcer ou d’aller en discuter avec d’autres parents et des professionnels. C’est un apprentissage !

Adapter sa réponse de parent à l’âge de l’enfant

Il sera nécessaire également de comparer le comportement de l’enfant par rapport à l’âge qu’il a. Nos réactions ne seront intuitivement pas les mêmes avec un enfant de 10 mois et un enfant de 5 ans.

Cependant, il convient de noter que les parents ont souvent des attentes envers leur enfant qui ne correspondent pas à la réalité de leur âge. On voudrait que nos enfants comprennent tout et tout de suite alors que ça leur ait souvent impossible avant l’âge de raison (6 ou 7 ans !). On s’impatiente de répéter 15 fois la même chose alors qu’il est normal qu’un enfant ne comprenne pas ou ne retienne pas les choses. D’ailleurs, répéter les choses n’est souvent pas une solution efficace pour amener un enfant à coopérer…

Reprenons l’exemple précédent d’un enfant qui fait tomber des grains de riz par terre malgré nos demandes de cesser. Dans le cas d’un enfant de 4 ou 5 ans, ce type de comportement ne relève peut-être pas de la curiosité car il a déjà fait l’expérience des choses qui tombent par terre. Ces comportements interprétés à tort comme de la provocation pour embêter le parent peuvent traduire une envie d’attirer l’attention ou un mal être que vit l’enfant.

En fonction du contexte et de la fréquence de ce type de comportement, la réponse du parent ne sera alors pas la même. Peut-être que nous sommes souvent absent ou pas réellement présent avec notre enfant et passer plus de temps avec lui comblera son besoin d’attention. Ou alors ce sera juste le moment d’exprimer des limites à son enfant, de manière respectueuse, dans l’idée d’apprendre à vivre ensemble. Là aussi, la créativité et l’authenticité seront indispensables !

Il n’y a pas de problème à exprimer, voire crier son mécontentement tant que l’on ne décharge pas notre colère et nos cris sur notre enfant. La CNV (Communication Non Violente) donne des pistes précieuses pour cela.

Enfin, consulter un-e professionnel-le peut vraiment aider lorsque ces difficultés s’installent et impactent fortement la vie de famille. A nous de choisir les professionnels avec qui on se sent en phase. Et d’éviter ceux qui nous donneront une liste d’injonctions et de méthodes toutes faites qui ne nous correspondent pas.

Dans tous les cas et quel que soit l’âge de l’enfant, stopper l’idée qu’il « le fait exprès » et « qu’il nous cherche » sera salvateur pour réagir autrement qu’avec des VEO.

Les résistances que notre cerveau va nous proposer pour ne pas changer sa parentalité

N’oublions pas de parler à toutes ces petites pensées qui vont arriver à votre esprit lors d’un moment de découragement pour vous dire « allez, c’est des bêtises tout ça, j’ai été élevé comme ça et je ne m’en suis pas mal sorti-e, ça a forgé mon caractère ! ». Vous éprouverez aussi sûrement des doutes quand vous verrez les enfants des autres (ceux qui sont punis) sembler « sages comme des images » et leurs parents tranquillement assis en train de siroter leur café pendant que le vôtre se lancera dans une nouvelle expérience ou tapera des pieds par terre…

C’est tout à fait normal d’avoir ce type de résistances, rattachez-vous sans cesse à votre pourquoi !

Sachez aussi que changer un automatisme n’est facile pour personne. L’OVEO explique à ce propos :

« Infligées dès le plus jeune âge, les violences ordinaires prédisposent, une fois adulte, à faire subir à son tour à des êtres plus faibles, consciemment ou le plus souvent inconsciemment, ce qu’on a subi enfant. ». « Le premier effet de la violence éducative ordinaire est que la plupart des individus, à l’âge adulte, la reproduisent sans se poser de questions : parce qu’ils ont intériorisé la conviction que les traitements subis étaient nécessaires et “mérités”. »

Il est parfois difficile d’accepter que les adultes qui nous ont élevés et que nous avons aimés se sont trompés. Dans certains cas, pardonner sera difficile. Dans les autres cas, n’oublions pas que les études actuelles n’étaient pas disponibles à l’époque. Les adultes reproduisaient aussi ce qu’ils avaient connu.

Mais maintenant on sait et on connait l’effet du stress et de la peur chez les enfants. Et aucun parent ne souhaite cela pour son enfant.

Et quand bien même vous seriez sûrs que ces méthodes n’ont pas eu d’effets néfastes sur vous, il faut garder en tête que :

  • Notre enfant n’est pas un « mini-nous » : quelque chose qui vous semble anodin peut-être très difficile pour lui. Nous n’avons pas la même histoire, la même sensibilité, ni même les mêmes gènes en activité.
  • Aucun parent n’est réellement heureux et aligné dans une parentalité utilisant les VEO. Ces agissements envers notre enfant sont des signaux pour nous dire que quelque chose ne va pas. Prendre des moments de calme pour s’écouter ou être écouté permet de sortir de ce flou.
  • Si l’on veut une société plus paisible, il faut changer nos habitudes. Penser que nous allons avoir des résultats différents en continuant d’utiliser les mêmes moyens est une illusion.

Vous arriverez à devenir le parent que vous souhaitez !

Il n’est jamais trop tard pour améliorer notre relation parent/enfant

Si vous êtes motivés pour améliorer votre relation avec votre enfant, bravo, c’est déjà un très grand pas !

Ce premier pas est très important et il n’est pas si évident car il demande de dépasser parfois des sentiments de culpabilité (« oh mon dieu j’ai, par le passé, fait ci, ça et ça à mon enfant »), voire des sentiments de colère (« quand je pense que mes parents m’ont fait/dit ça ! »). Ces émotions sont tout à fait naturelles et il convient de leur laisser le temps de venir, pour ensuite mieux avancer.

Car après cela, il y a l’action, le changement, le renouveau 😊 !

Persistez ! Il est clair que le changement ne se fera pas en une semaine. En particulier si vous appliquez des VEO depuis plusieurs années. Dans tous les cas, il y aura des hauts et des bas. Dire non et exprimer nos limites de manière respectueuse est nouveau pour l’immense majorité des adultes en France. Cela demande de l’entrainement !

Ce n’est jamais trop tard ! La plasticité du cerveau nous montre que nous pouvons tous changer et à n’importe quel âge.

Et ça n’est jamais inutile ! Des études montrent qu’une « relation soutenante, proche et chaleureuse avec au moins un adulte est peut-être l’élément le plus important pour un jeune qui a vécu de nombreuses expériences négatives. Cette relation peut lui permettre d’être résilient. » explique le docteur Catherine Gueguen.

Enfin, ne vous mettez pas la barre trop haute ! On ne le répètera jamais assez, l’idée n’est pas de devenir un parent parfait. D’ailleurs quel enfant voudrait d’un parent parfait ? Travailler sur sa parentalité c’est avant tout se réconcilier avec son authenticité.

Des ressources utiles pour devenir le parent que l’on aimerait être

Le fait d’échanger avec les autres sur le sujet de la parentalité aide beaucoup. Je vous liste ci-dessous quelques ressources qui peuvent vous permettre de mettre un pied sur ce chemin :

  • Les livres sur la parentalité : il en existe beaucoup (et je ne les ai pas tous lus 😉), mais si je devais n’en retenir qu’un seul je citerais Vivre heureux avec son enfant de Catherine Gueguen
  • Les structures de soutien aux parents : la Protection Maternelle Infantile, les lieux d’accueil enfants-parents (les LEAP, ouverts même en période de confinement !), des numéros comme le n° vert « Enfance et Covid » ou le numéro « SOS Parentalité, 15 minutes pour relâcher la pression ».
  • Les ateliers d’aide à la parentalité, en ligne ou ceux proches de chez vous ce qui vous permettra en plus de rencontrer d’autres parents avec qui partager les difficultés et les bonnes idées du quotidien.

En parallèle, pour m’accompagner au quotidien et dans la durée, certains outils et ressources bien choisis de développement personnel m’ont, personnellement, énormément aidé. J’y consacre plusieurs articles dans ce blog !

Il est vraiment important de le rappeler : ne restez pas seul avec vos difficultés ! Si les difficultés semblent insurmontables ou invivables c’est qu’elles sont le signal pour se faire accompagner. Il existe de plus en plus de professionnels formés pour accompagner les parents, ce n’est pas pour rien 😉

Dans tous les cas, quasi tous les parents aujourd’hui en France font face à un dilemme : avoir des interactions adultes/enfants parfois totalement différentes de celles de notre enfance. Ce n’est pas facile ! Testez et choisissez pour vous et votre enfant la bonne formule ou la/les bonnes personnes pour vous aider.

Comme tout apprentissage, celui-ci sera fait d’écueils, de ratages mais aussi de victoires et de fiertés quand on finit par y arriver. Ça prendra le temps nécessaire, vous y arriverez parfois et dans ces moments-là vous ne le regretterez pas 😊

Pour aller plus loin :

L’observatoire des Violences Éducatives Ordinaires https://www.oveo.org/

La plaquette « Sans fessée comment faire » par Catherine Dumonteil-Kremer

Livret bande-dessinée « Petits instants enfants-parents » éditée par la fondation pour l’enfance.

Laisser un commentaire

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}

10 questions à se poser dans sa vie de parent