Ceci est le second article sur « Change ma vie » qui est un podcast que j’écoute depuis plusieurs années. C’est également une approche de développement personnel, qui est l’un des 3 piliers qui m’aident à aller vers une parentalité alignée. Dans le premier article, je décrivais comment se défaire des schémas de pensées qui ne nous sont pas utiles en parentalité. Dans ce second article, je décris mes outils préférés de « Change ma vie » pour la gestion des émotions.

Pourquoi parler de gestion des émotions en parentalité ?

Les émotions sont omniprésentes dans la vie mais il m’a semblé les percevoir plus fortement lors des premières années de vie commune avec mon enfant. Certaines sont agréables à ressentir quand d’autres sont plus désagréables, voire douloureuses.

Tout d’abord il y a celles qui arrivent en masse avec l’arrivée du bébé (en particulier en post-partum😅) : joie, euphorie, excitation, mais aussi inquiétude voire peur, découragement, manque de confiance.

Et puis il a les émotions des jeunes enfants, qui avant 6 ans, n’ont pas un cerveau suffisamment mature pour les contrôler. Là aussi, il y a de la joie débordante, de l’enthousiasme et de la curiosité à gogo (qui les conduit parfois à faire des choses qui nous effraient !). Et bien sûr de l’impatience, de la frustration (généralement quotidienne) et qui peut vite se transformer en colère.

Enfin il y a nos émotions de parents, qui nous sentons parfois démunis devant celles de nos enfants. Et toutes celles qui accompagnent la vie de famille : complicité, joie, amour, bienveillance, mais aussi lassitude, doute, impatience, énervement.

Avant de devenir maman, je connaissais le terme « émotions » mais c’est avec « Change ma vie » que j’ai perçu l’importance qu’elles avaient dans ma vie. Car, elles représentent le carburant qui est à l’origine de tout ce que l’on dit ou fait. Avoir des outils pour les comprendre et les gérer, a été quelque chose qui a clairement changé ma vie de maman. Alors la gestion des émotions, parlons-en !

Les principes fondamentaux de « Change ma vie » pour la gestion des émotions

Les émotions sont inoffensives : un principe fondamental pour la gestion des émotions

Un des premiers épisodes de « Change ma vie » explique tout d’abord que les émotions sont inoffensives, même celles qui sont le plus désagréables. Cela a été une vraie prise de conscience pour moi en devenant maman. Car sans m’en rendre vraiment compte, j’avais tendance à avoir peur de mes émotions et celles de mon enfant. Et donc vouloir les chasser le plus vite possible.

émotions en parentalité
N’ayez pas peur, je suis inoffensif

Or, en réalité, les émotions sont inoffensives. Et, aussi désagréable soit-elle, l’émotion finira toujours par passer, à l’image d’un nuage dans le ciel. La plupart du temps, une émotion désagréable est beaucoup moins pénible qu’un mal de tête ou de dent. Pourtant, nous craignons moins ces maux, qui nous semblent plus courants, plus « normaux » et plus faciles à gérer.

Cette peur des émotions est très répandue dans notre société. Traditionnellement, nous jugeons une personne (et encore plus un enfant) qui est en colère comme problématique, gênant, voire anormal. Alors même que cette émotion fait pourtant partie de la palette des émotions humaines. C’est-à-dire que tous les êtres humains la ressentent de temps en temps ! Or, nous nous sentons vite agressés par quelqu’un qui exprime sa colère. Même quand cette colère n’est pas dirigée contre nous. De même, nous nous jugeons parfois « défaillants » en tant que parent lorsque nous ou notre enfant ressentons de la colère.

Dans cet état d’esprit, quoi de plus naturel que de vouloir faire stopper cette émotion le plus vite possible.

En gestion des émotions, tout ce qui résiste, persiste !

Lorsque nous ressentons une émotion désagréable, nous avons généralement tendance à y résister. Cette résistance a pour but d’essayer de ne pas ressentir l’émotion, lutter contre ou la mettre « sous le tapis ». Quelques exemples courants de résistances :

  • Se dire ou dire aux autres « mais non mais non, ça va »
  • Etre dans la « sur-action » et enchainer les tâches unes à unes, sans prendre le temps de se poser
  • Manger, grignoter, voire manger tout le pot de glace au chocolat
  • Aller vers son « faux-plaisir » préféré : fumer, boire, regarder les réseaux sociaux
  • Dans certains cas, prendre un médicament ou un calmant (ce qui peut être une résistance s’il est pris sans concertation avec un professionnel de santé)

Le problème, nous explique Clotilde Dusoulier, est que plus on résiste à une émotion, plus elle prend de la place dans notre vie.

On peut tous en faire l’expérience quand on rentre le soir après avoir ressenti plein d’émotions désagréables au travail. Si on a mis ces émotions « sous le tapis » toute la journée, elles ne disparaissent pas comme par magie en passant le seuil de la maison. Au contraire ! C’est généralement le moment où elles ressortent toutes. Et, à notre plus grand désarroi, souvent en présence de notre enfant.

Mais bonne nouvelle, ce type de situation n’est pas une fatalité et il existe des outils pour y remédier !

Quelques outils de « Change ma vie » pour la gestion des émotions

L’outil phare en gestion des émotions : l’accueil

Un des premiers outils que propose « Change ma vie » dans la gestion des émotions est « l’accueil des émotions ». L’idée est de ne pas faire disparaitre l’émotion désagréable qui vient à nous mais au contraire, d’essayer de la ressentir pleinement. Cet outil permet de se laisser traverser par l’émotion et donc de la laisser passer sans la retenir.

Pour faire cela, on peut tout d’abord chercher à l’identifier dans son corps. Car une émotion s’accompagne systématiquement d’une sensation corporelle. Avoir la gorge serrée, le ventre noué, le visage crispé, les dents serrés, le cou tendu, le souffle court, etc. Puis d’essayer de mieux la cerner en la décrivant : a-t-elle une couleur, une forme, une matière ? Est-on capable de la nommer ?

Personnellement, j’ai attendu 35 ans de vie pour découvrir et tester cet outil de gestion des émotions. Pourtant il est assez « magique » car déjà, en faisant cela, l’émotion a tendance à s’atténuer plutôt qu’à prendre de l’ampleur. Aujourd’hui, il fait vraiment partie de mes outils préférés et quotidiens.

Se rappeler que « Ceci n’est pas un problème à résoudre »

Une difficulté que l’on peut rencontrer lorsque l’on se propose d’utiliser cet outil est de préférer régler le problème le plus vite possible. Comme nous avons été habitués à gérer nos problèmes plutôt que gérer nos émotions, il est parfois difficile de faire « pause ». Or la plupart du temps, « le problème » en question n’est pas une urgence. Ce qui nous pousse à vouloir le régler immédiatement c’est juste que l’on résiste à ressentir notre émotion désagréable.

Pétage de plomb parentalité
Où est mon bouton pause ?

Pour palier cette difficulté, j’utilise un autre outil qui consiste à se répéter intérieurement une pensée qui nous permet de faire « pause » quand on sent l’émotion nous envahir. La pensée proposée par « Change ma vie » et qui fonctionne bien pour moi est : « ceci n’est pas un problème à résoudre, mais une émotion à accueillir ».

J’utilise par exemple cette pensée lorsque mon fils marche dans une crotte de chien 😝. Cela me permet de ralentir un peu la « fée propreté » qui sommeille en moi. Cette pensée m’aide à me reconnecter à moi et ainsi gérer la situation beaucoup plus sereinement avec mon enfant.

Comprendre d’où vient son émotion et apprendre à mieux se connaitre

« L’accueil des émotions » est le pré-requis indispensable avant de se mettre à réfléchir. Ensuite, on peut chercher à la comprendre.

On a vu dans le premier article sur « Change ma vie » que nos émotions proviennent de nos pensées. Pour comprendre notre émotion, on peut essayer d’identifier la pensée à l’origine de cette émotion, par exemple avec l’outil « flot de pensées ». Cela permet de faire la distinction entre la circonstance, le « fait » qui s’est produit, et notre interprétation de ce fait. Cette interprétation se formalise par une pensée qui nous amène à ressentir une émotion.

Ensuite, on peut faire un « modèle » qui va nous permettre d’identifier ce que l’on dit ou fait sous l’impulsion de cette émotion. Et enfin, quel résultat ces actions ont sur nous.

En répétant cet exercice, on devient « expert » de nous-même. Cela permet de mieux comprendre quels sont nos schémas de pensées par défaut, notre mode « automatique ».

Cette compréhension est le premier pas pour changer nos réactions qui ne nous conviennent pas, en particulier avec nos enfants. Réactions que l’on pensait parfois immuables. Cela permet de sortir du « je suis comme ça » qui s’accompagne d’une certaine impuissance. Et d’aller vers « je comprends pourquoi je ressens et je fais ça » qui ouvre la voie à une parentalité plus alignée.

Mieux s’approprier les émotions fortes avec « l’incarnation des émotions »

Mais que faire des moments où l’émotion est tellement forte qu’il nous semble impossible de l’accueillir ? « Change ma vie » propose là aussi plusieurs outils. J’en ai sélectionné 2 que je vous décris ici.

Le premier outil qui m’est utile s’appelle « l’incarnation des émotions ». Il s’agit de s’isoler seul-e pendant 10 minutes et d’imaginer ressentir une émotion (agréable ou désagréable). Puis de se laisser aller complètement sous l’impulsion de cette émotion : bouger, parler (voire crier), mimer l’émotion, un peu comme le ferait un-e acteur-trice.

La première fois que j’ai testé cet outil était un soir où j’étais épuisée. Je voyais mon fils (lui aussi fatigué) courir et s’agiter dans tous les sens et je pensais que ça n’en finirait jamais. On commençait tous à accumuler de la fatigue et de l’énervement. Je pensais en plus qu’il allait tomber de sommeil car il avait sauté sa sieste. La réalité a été comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de mes pensées 😅. J’ai ressenti un mélange d’agacement, de lassitude et de désespoir se transformer peu à peu en colère. Or, je sais bien que cette émotion n’est pas le carburant le plus efficace pour calmer un enfant le soir. Mon mari était à peu près comme moi donc pas vraiment possible pour l’un comme pour l’autre de passer le relais. J’ai alors demandé à mon mari de s’occuper seul de mon fils pendant 10 petites minutes. Et je me suis enfermée dans la salle de bain pour faire une « incarnation des émotions ». J’ai choisi l’émotion de la colère.

Passées les 2 premières minutes où je n’osais pas en me pensant ridicule, je me suis laissée allée. Cet exutoire a été très efficace pour moi ce soir-là. Au bout de ces 10 minutes seulement je suis ressortie totalement apaisée. J’ai pu ensuite prendre le relais. M’installer avec mon fils pour lire des histoires dans mon lit, sans penser à la pendule. Une heure plus tard, il dormait et moi j’avais passé une bonne soirée.

Gestion des émotions : faire pause grâce à un bracelet « magique »

Un autre outil très utile lorsque je ressens une émotion forte est le bracelet que je porte au poignet et sur lequel est inscrit mon « mot de l’année ».

J’écoute cet épisode de « Change ma vie » en début de nouvelle année. L’idée est de faire le bilan de l’année passée et de formuler ses souhaits et envies pour l’année à venir. Puis on choisit un mot qui réunit ces envies avec les questions proposées dans la feuille de travail de cet épisode.

Mon mot pour cette année est « confiance ». Quand je perds pied avec une émotion forte, j’ai maintenant le réflexe de regarder ce bracelet. Et cela m’aide instantanément à faire pause. Cela ne veut pas dire que je passe du désespoir à la confiance en une minute. Mais cela m’aide à souffler, ressentir plus de douceur et me reconnecter à moi.

Il m’est ensuite possible de revenir à un accueil des émotions un peu plus classique grâce à cette petite pause.

réussir à faire pause
Et vous quel est votre mot de l’année ?

Les outils de « Change ma vie » pour accompagner les enfants dans la gestion des émotions

Comprendre nos émotions de parents pour comprendre les émotions des enfants

Généralement, quand on parle de gestion des émotions en parentalité, il s’agit prioritairement de celles des enfants. Leurs crises, leurs colères, leurs frustrations que nous n’arrivons pas toujours à gérer en tant que parent. Voire, qui nous mettent mal à l’aise dans une société qui pense que ce n’est pas « normal », que ce n’est pas comme cela qu’agissent les enfants « bien élevés ».

Il m’a semblé important de parler d’abord de la gestion des émotions des parents. Car nous avons tous plus ou moins été éduqués à ne pas exprimer les nôtres. Mais, comment accompagner notre enfant à traverser ses émotions quand nous ne l’avons jamais expérimenté nous-même !

Le simple fait d’apprendre à identifier, accueillir et comprendre mes émotions avec les outils présentés plus haut, m’a énormément aidée à mieux vivre celles de mon enfant. Par exemple, j’ai compris qu’une émotion peut être tout aussi intense pour un enfant à qui on refuse un autre tour de manège, qu’à un adulte à qui on refuse une augmentation. Voire beaucoup plus du fait de l’immaturité de son cerveau. Or, avant cela, j’avais tendance à croire que les émotions étaient proportionnelles à l’ampleur du fait. Et donc minimiser celles de mon enfant (car « enfin, un tour de manège, ce n’est quand même pas bien important » 😉).

émotions des enfants
Enfin papa, ce n’est quand même pas bien important !

Maintenant que j’ai bien fait l’expérience que mes émotions ne sont pas liées aux circonstances mais à mes pensées, je comprends mieux les émotions de mon enfant. Et apprendre à me donner de la compassion lorsque je ressens une émotion désagréable m’a appris à en donner à mon enfant. J’ai enfin compris ce qu’il vit.

Ne pas chercher à stopper les émotions désagréables des enfants

Dans les deux épisodes de « Change ma vie » consacrés aux émotions des enfants, Clotilde Dusoulier propose de ne pas essayer de minimiser ou d’arrêter immédiatement l’émotion d’un enfant.

Il est clair que c’est souvent notre première envie quand notre enfant se met à pleurer ou à crier. Cela peut se traduire de différentes manières :

  • minimiser ou nier l’émotion : « mais non, ce n’est rien ! »
  • retourner l’émotion désagréable en émotion agréable : « allez, je vais t’acheter une glace », « regarde l’avion dans le ciel »
  • en trouvant une solution : « ça y est je l’ai réparé »
  • voire stopper l’émotion en reproduisant des VEO : le comparer aux autres (« regarde ta petite sœur, elle est plus courageuse que toi, elle ne pleure pas »), l’humilier (« tout le monde te regarde »), faire du chantage (« si tu continues tu n’auras pas ton dessin animé ce soir »), lui faire peur (« je vais m’énerver si ça continue »).

Or, ces réactions conduisent l’enfant à prendre l’habitude de résister à ses émotions. Et nous avons vu plus haut que ce n’était pas un apprentissage utile dans la vie. Résister à une émotion, ce n’est pas la gérer, ni même la contrôler. Au contraire, c’est la laisser grandir jusqu’à ce qu’elle finisse par exploser. Elle explose généralement contre soi-même (sous forme d’angoisses par exemple) ou contre les autres (sous forme de colères).

Clotilde conseille d’observer, sans jugement, notre tendance à vouloir faire stopper les émotions de notre enfant. Puis, d’essayer de ne pas stopper l’émotion, mais d’être juste là, présent et soutenant, pendant que notre enfant traverse son émotion.

La puissance retrouvée d’une émotion traversée

Pour avoir expérimenté cela un bon nombre de fois avec mon enfant, je peux témoigner que rares sont les émotions qui durent plus de 10 minutes. (même si ça arrive quand même 😅).

J’ai pu cependant observer qu’au bout de 30 secondes de pleurs et de hurlements, j’avais une forte tendance à vouloir faire stopper l’émotion de mon enfant ! Mais j’ai appris, progressivement, à m’accompagner pour devenir patiente et soutenante dans la plupart de ces moments-là. Et une fois l’émotion passée, c’est un enfant généralement apaisé et demandeur d’un câlin que je peux retrouver.

Les jours suivants, il est ensuite possible de « débriefer » de ce qui s’est passé avec son enfant. C’est l’occasion de mettre des mots sur les émotions mais aussi des sensations, des couleurs, des formes, des textures, etc. Et également de rappeler à son enfant qu’une émotion désagréable finit toujours pas passer, et ce, uniquement grâce à lui. Qu’il n’a pas besoin de glace ou de dessin animé pour faire passer une émotion. Que ressentir des émotions désagréables voire douloureuses fait partie de la vie et qu’il va développer de plus en plus de ressources en lui pour les traverser, avec notre aide et notre soutien tant qu’il en aura besoin.

gestion des émotions
Ca y est, je sais gérer mes émotions !

Expliquer aux enfants d’où viennent les émotions

Si l’enfant est un peu plus grand, on peut aussi lui expliquer que les émotions viennent de nos pensées, nos interprétations face à une situation. Et même jouer à imaginer ce que différentes interprétations d’une même situation pourraient entrainer comme différentes émotions !

Cet apprentissage est selon moi un des plus beaux cadeaux que l’on puisse se faire et faire à son enfant. J’ai pu observer comme accepter cette vulnérabilité qui est le propre de l’expérience humaine donne un sentiment de puissance et d’humilité.

J’espère que ce second article sur « Change ma vie » vous aura donné envie d’expérimenter une façon peut-être très nouvelle d’appréhender vos émotions et celles de vos enfants ! N’hésitez pas à partager cet article si il vous a été utile et de mettre en commentaires votre expérience sur l’utilisation de ces outils. Je serai ravie de vous lire à mon tour !

Pour aller plus loin :

Vous pouvez écouter les épisodes de « Change ma vie » dédiés aux émotions, ils y en a plusieurs et ils sont tous intéressants ! Voici ceux dont je parle spécifiquement dans cet article :

  • « Les émotions sont inoffensives » : Episode 2
  • « L’accueil des émotions » : Episode 47
  • « Ceci n’est pas un problème à résoudre » : Episode 171
  • « Incarner ses émotions » : Episode 128
  • Episode bonus Le mot de l’année
  • « Les émotions expliquées aux enfants » : Episodes 32 et 33

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